Sophie Mirgaux

SM

 

Trois questions à Sophie Mirgaux, envoyée spéciale de la Belgique pour l'océan

1. Quelles sont les opportunités et les défis dans votre travail quotidien en ce qui concerne la préparation de la COP15 ?

La COP15 et les travaux de la CDB sur le milieu marin en général peuvent donner une impulsion considérable à la protection des océans. Au sein des Nations unies, une négociation sur un nouveau traité international juridiquement contraignant sur la biodiversité au-delà de la juridiction nationale (BBNJ) va être finalisée avant la fin de l'année 2021. L'un des résultats essentiels de ce futur traité est une procédure de création d'aires marines protégées en haute mer - je fais partie de l'équipe de négociation de l'UE sur ce chapitre. La principale valeur ajoutée de la COP15 peut être de donner à ce traité BBNJ son premier objectif d'étape. La COP15 adoptera un cadre pour la biodiversité post-2020 et la Belgique continuera de travailler à l'adoption d'un objectif de 30 % de protection marine élevée ou totale d'ici 2030. En tant que coordinateur du groupe des Blue Leaders, la Belgique investit fortement dans la sensibilisation (vers d'autres pays, ainsi que vers le public, notamment via nos comptes Twitter et Instagram, afin d'obtenir un soutien pour le 30x30. Si cet objectif de 30 % est adopté, il guidera le travail de l'UN-BBNJ une fois qu'il sera opérationnel.

2. Des organismes tels que le point focal national belge pour la CDB ont-ils contribué à surmonter ces difficultés, et comment ?

Les questions marines sont disséminées dans le projet de cadre pour l'après-2020. Il n'y a pas un seul chapitre ou un seul objectif pour l'océan. Cela signifie que les experts marins comme moi doivent se tenir au courant de l'état des discussions dans toutes les parties. Il me serait impossible de le faire sans l'aide du point focal national belge pour la transmission des informations, pour garder une vue d'ensemble, pour voir les liens entre les différents chapitres et objectifs. Les nombreuses réunions de coordination (en direct ou virtuellement) organisées par le point focal ont grandement contribué à créer un véritable esprit d'équipe, ce qui n'est pas négligeable lors de négociations marathon.

3. Comment la COP15 peut-elle réellement réussir et être efficace pour sauvegarder la biodiversité ?

En ce qui concerne spécifiquement les océans, notre objectif principal est de nous mettre d'accord sur l'objectif 30x30. 30 % de protection des océans d'ici à 2030. Selon nous, il ne s'agit pas seulement d'un objectif quantitatif, mais aussi d'un objectif qui comporte des contrôles de qualité. Les parcs en papier ne sont pas suffisants, et il faut viser différents niveaux de protection (y compris une protection élevée ou totale). Par ailleurs, les questions relatives aux océans devraient être intégrées. Lorsque nous envisageons un objectif de réduction de la pollution dans le cadre de la CDB, nous devons penser à l'océan, et lorsque nous envisageons un objectif de restauration de la biodiversité et des écosystèmes dans le cadre de la Convention, nous devons également tenir compte de la biodiversité marine. Il existe un lien intrinsèque entre la biodiversité des océans et la biodiversité terrestre. Les deux dépendent l'une de l'autre et le cadre post-2020 doit en tenir compte.