Laurence Drèze
Trois questions à Laurence Drèze, Chargée de mission Biodiversité à WWF Belgium
1. Quels sont les principaux défis et opportunités dans votre travail quotidien ?
En tant que chargée de mission biodiversité, je suis les dossiers biodiversité internationaux, européens et wallons pour défendre la mission du WWF : agir pour stopper la dégradation de l'environnement de notre planète et construire un avenir où les hommes vivent en harmonie avec la nature. Le travail quotidien pour cette mission consiste à participer à toutes les réunions et consultations des parties prenantes et à organiser des rencontres bilatérales avec des acteurs clés. Le principal défi est en même temps peut-être notre principale opportunité : faire passer le message que la nature est bénéfique pour l'homme.
2. Comment votre travail au WWF peut-il être lié au cadre de la CDB ?
Le WWF plaide en faveur d'un cadre mondial pour la biodiversité fort et ambitieux qui doit permettre une action immédiate sur le terrain afin d'inverser la tendance à la perte de la nature pour un monde favorable à la nature d'ici 2030, dans l'intérêt de tous les êtres humains et de la planète. Pour le WWF, les ingrédients essentiels d'un cadre mondial ambitieux pour la biodiversité sont les suivants une mission visant à stopper et inverser la perte de biodiversité d'ici à 2030 pour un monde respectueux de la nature, un objectif de conservation de 30 % des terres et des eaux de la planète d'ici à 2030 grâce à une approche fondée sur les droits, une réduction de moitié de l'empreinte mondiale de la production et de la consommation d'ici à 2030, une stratégie globale de mobilisation des ressources pour financer la mise en œuvre du cadre, un mécanisme de mise en œuvre solide qui propose des examens et des mesures progressives (dans le moule de l'Accord de Paris sur le changement climatique, avec des indicateurs convenus pour mesurer les progrès), une approche fondée sur les droits, reconnaissant le leadership, les droits et les connaissances des peuples autochtones et des communautés locales, et une approche de l'ensemble de la société, permettant la participation de tous les secteurs de la société tout au long de la mise en œuvre du cadre.
Enfin, il est également important d'inclure des solutions équitables et fondées sur les droits, basées sur la nature, parallèlement aux approches fondées sur les écosystèmes, afin d'apporter des avantages aux populations et à la nature.
3. Quelles sont vos attentes à l'égard de la COP15 et vos souhaits pour la biodiversité à l'avenir ?
La Conférence des Nations unies sur la biodiversité qui se tiendra à Montréal en 2022 (COP15) est une occasion à ne pas manquer de s'attaquer à la crise de la perte de biodiversité qui s'accélère. Cet accord doit engager le monde sur une nouvelle voie pour lutter contre la perte alarmante de biodiversité, qui est également vitale pour combattre l'urgence climatique, assurer la sécurité alimentaire et hydrique, réduire notre vulnérabilité aux futures pandémies et atteindre les objectifs de développement durable. Le cadre mondial pour la biodiversité (CMB) post-2020 doit être au moins aussi complet, fondé sur la science et ambitieux que l'Accord de Paris sur le changement climatique. Il doit fournir des actions immédiates sur le terrain pour inverser la perte de la nature ; cependant, le projet de cadre actuel ne va pas assez loin pour faire face à la crise de la biodiversité. Le WWF a identifié un certain nombre de domaines dans lesquels le GBF doit galvaniser l'action transformatrice.
Tous les pays doivent redoubler d'ambition et d'action pour mettre en place un cadre complet et scientifique capable d'enrayer et d'inverser la perte de biodiversité d'ici 2030 et d'assurer un avenir favorable à la nature, de sorte qu'à la fin de la décennie, nous ayons plus de nature qu'à ses débuts. Après la COP15 et l'accord du GBF, les pays, y compris la Belgique, devraient immédiatement mettre à jour leurs stratégies et plans d'action nationaux pour la biodiversité (SPANB) afin de s'aligner sur le cadre et l'ambition d'inverser la perte de biodiversité d'ici 2030 pour parvenir à un monde favorable à la nature.