Arnaud Goessens
Trois questions à Arnaud Goessens, directeur associé pour la politique européenne à la Wildlife Conservation Society (WCS)
1. Quels sont les principaux défis et opportunités dans votre travail quotidien ?
Le plus grand défi consiste à maintenir la biodiversité au premier rang des priorités politiques face à tant d'autres questions concurrentes et plus visibles. Nous sommes au milieu de la sixième extinction de masse, mais les gouvernements retardent les actions indispensables à la protection et à la conservation de la biodiversité. Alors que la crise du COVID-19 a servi de signal d'alarme pour chacun d'entre nous sur l'importance de protéger la biodiversité et sur le risque que représentent les grands marchés commerciaux d'animaux sauvages vivants, il semble que nous soyons déjà en train de perdre notre élan. La science montre clairement que la protection de la nature joue un rôle central dans la résolution des trois crises majeures auxquelles le monde est actuellement confronté : le changement climatique, la perte de biodiversité et l'émergence de pandémies d'origine zoonotique. Les gouvernements doivent se concentrer sur des solutions gagnant-gagnant pour faire face à ces crises mondiales interdépendantes et envoyer d'urgence un signal fort à la communauté internationale. La biodiversité est essentielle à la santé et au bien-être de l'homme, ainsi qu'à la stabilité économique et sociétale.
2. Comment votre travail à la Wildlife Conservation Society (WCS) est-il lié au cadre de la CDB ?
À la WCS, nous travaillons en étroite collaboration avec les gouvernements, les décideurs politiques, les organisations internationales, les organisations de la société civile, le secteur privé et d'autres parties prenantes pour veiller à ce que les parties à la CDB adoptent, puis mettent en œuvre, un cadre mondial pour la biodiversité (CMB) ambitieux pour l'après-2020. En particulier, nous nous concentrons sur des objectifs ambitieux de conservation et d'amélioration de l'intégrité écologique, notamment en conservant nos écosystèmes naturels les plus intacts, tout en respectant pleinement les droits des peuples autochtones et des communautés locales, en tant qu'élément essentiel pour atteindre les objectifs de biodiversité et de développement durable (objectif A, cible 1). Pour y parvenir, la WCS soutient fermement l'objectif ambitieux, fondé sur des données probantes, significatif et équitable du "30x30", qui consiste à protéger et à conserver au moins 30 % des terres, des eaux douces et des océans d'ici à 2030, avec des garanties rigoureuses pour les populations autochtones et les communautés locales (objectif 3). Enfin, nous nous concentrons sur l'élimination du commerce et de l'utilisation des espèces sauvages qui présentent des risques écologiques ou qui mettent en danger la santé des humains ou des espèces sauvages en raison de la possibilité de propagation d'agents pathogènes (objectif 5).
3. Quelles sont vos attentes à l'égard de la COP15 et vos souhaits pour la biodiversité à l'avenir ?
J'ai été ravi lorsque la présidente de la Commission européenne, Mme von der Leyen, a annoncé en septembre de l'année dernière que l'UE doublerait le financement externe de la biodiversité, en particulier pour les pays les plus vulnérables. Il faut maintenant que d'autres gouvernements suivent l'exemple de l'UE et prennent des engagements similaires, audacieux et ambitieux en matière de financement de la biodiversité lors de la COP15 de la CDB. Il est particulièrement nécessaire d'impliquer davantage les banques multilatérales de développement et le secteur privé, car ils constituent des acteurs clés si nous voulons obtenir des résultats positifs à long terme pour la biodiversité. Enfin, j'attends des gouvernements du monde qu'ils intensifient leurs efforts, qu'ils accélèrent le processus de négociation et qu'ils se mettent d'accord sur un cadre de financement ambitieux lors de la 15e conférence des parties. Il n'y a plus de temps à perdre. Nous avons déjà deux ans de retard à cause de la pandémie de COVID-19. Nous n'accepterons plus d'excuses, c'est maintenant qu'il faut agir.