Caroline Nieberding

CN

Trois questions à Caroline Nieberding, biologiste, chercheuse et professeur en évolution, biogéographie et écologie moléculaire à l'Institut Terre et Vie de l'UCLouvain

 

1. Quelles sont les mesures concrètes que nous pourrions prendre pour faire face à la crise de la biodiversité ?

Une étape importante à ce stade, pour la résolution de la crise de la biodiversité, est de développer des collaborations étroites entre les écologues, qui documentent la crise de la biodiversité avec des estimateurs robustes, et les géographes, qui documentent les changements d'usage des sols, cause principale de la crise de la biodiversité. Cette collaboration entre écologues et géographes permettrait de réorganiser l'occupation des sols, notamment au niveau des plans de secteur de nos régions, afin d'aboutir à une régulation politique forte de l'urbanisation des sols.

Un deuxième avantage de ce type de collaboration serait de développer des programmes de restauration de la biodiversité dans un cadre spatial explicite, ce qui permettrait de restaurer la biodiversité des réserves naturelles, où elle est confinée depuis 50 ans, vers les terres utilisées par les activités humaines, qui représentent 75% des terres actuellement utilisées. Conserver la biodiversité uniquement dans les réserves naturelles est en effet un défi, comme en témoigne le déclin continu de l'abondance des populations naturelles.

2. Des organismes tels que le point focal national belge pour la CDB ont-ils contribué à surmonter ces difficultés, et comment ?

L'un des grands avantages de la CDB est qu'elle fournit des informations scientifiques de très grande qualité, qui ont été vérifiées par une large communauté d'experts scientifiques. C'est cette information et cette communication qui permettent une compréhension plus globale du problème. Par exemple, pendant 20 ans, les environnementalistes ont surtout essayé de quantifier les effets du réchauffement climatique sur la distribution et la survie des espèces, alors qu'il est désormais clair que le principal problème n'est pas le climat, mais l'utilisation des terres, en particulier l'agriculture industrielle.

3. Quels sont vos espoirs et vos souhaits pour la campagne "Ensemble pour la biodiversité", en ce qui concerne la préparation de la prochaine COP15 à Kunming ?

Mon souhait est que l'ensemble de la population de nos pays développés, en particulier en Belgique où la crise de la biodiversité commence à être bien communiquée aux citoyens, se réveille et exige de nos gouvernements des actions fortes qui protègent notre avenir pour les décennies à venir. Si nous ne protégeons pas la biodiversité à ce stade, nous risquons d'être confrontés à des pénuries alimentaires, à une hausse des prix des denrées alimentaires et à des problèmes de santé de plus en plus graves.